La Tunisie, un avertissement pour d'autres pays arabes

Publié le par din-rappel-universel.over-blog.com

5/01/2011 | Mise à jour : 17:41  


Des Egyptiens manifestent devant l'ambassade de Tunis au Caire, brandissant des pancartes où l'on peut lire : «Révolution en Tunisie, demain en Egypte».

Des Egyptiens manifestent devant l'ambassade de Tunis au Caire, brandissant des pancartes où l'on peut lire : «Révolution en Tunisie, demain en Egypte». Crédits photo : Ahmed Ali/AP

Certains spécialistes estiment que la «Révolution du jasmin» pourrait créer un effet d'entraînement dans les régimes autoritaires de la région. Mais des disparités locales demeurent.

Faut-il y voir un signe ? Les journaux du monde arabophone étaient nombreux, ce samedi, à saluer le départ du président tunisien Ben Ali sous la pression de la rue. «La révolte populaire des Tunisiens est à présent le nouveau phare du monde arabe», estimait le quotidien algérien El-Watan, tandis que le libanais An-Nahar prévoyait des répercussions « dans plus d'un pays de la région». Vendredi soir, des dizaines d'Egyptiens se sont joints au Caire à un groupe de Tunisiens pour célébrer le départ de Ben Ali, scandant «Ecoutez les Tunisiens, c'est votre tour les Egyptiens !»

Samedi, hormis quelques pays comme l'Egypte ou le Qatar, la plupart des gouvernements arabes restaient prudents ou silencieux samedi après la chute du président tunisien.

De l'avis de plusieurs spécialistes, le modèle tunisien pourrait inspirer les populations voisines sous le coup de régimes autoritaires, d'autant qu'elles souffrent souvent de problèmes semblables à ceux qui ont poussé les Tunisiens à se soulever. En Algérie, voisine de la Tunisie, des émeutes meurtrières ont aussi eu lieu en janvier sur fond de hausse des prix de produits alimentaires de base. En Jordanie, des milliers de personnes ont manifesté vendredi dans plusieurs villes pour protester contre le chômage et l'inflation, mais aussi réclamer la chute du gouvernement.

«Les ingrédients que l'on trouve en Tunisie sont aussi présents ailleurs», du Maroc à l'Algérie, de l'Egypte à la Jordanie, qu'il s'agisse du chômage, de la répression policière ou des entraves à la démocratie», analyse Amr Hamzawi, du centre pour le Proche-Orient de la fondation américaine Carnegie. Selon lui, l'exemple tunisien a en outre l'intérêt de montrer que le changement peut venir des sociétés arabes elles-mêmes. «Il n'y a pas eu besoin d'une invasion comme en Irak. C'est une énorme leçon pour les régimes autocratiques», souligne-t-il.

 

Des situations locales très différentes

Mark Lynch, professeur de science politique et directeur de l'Institut d'études du Moyen-Orient à l'Université américaine George Washington, nuance toutefois les probabilités de voir ce soulèvement faire tâche d'huile. «On ne peut pas dire avec autant de certitude si ces émeutes vont réellement se propager, car les régimes en état d'alerte ne seront pas pris par surprise», estime-t-il dans une tribune publiée sur Slate.

En outre, note-t-il, «les manifestants manquent toujours d'une direction ou d'une autorité politiques claires» et « peu de partis politiques semblent jouer un quelconque rôle significatif, même du côté des islamistes». «Si (les manifestations) continuent à grossir face à la répression du régime, sans leadership précis, quel genre de changement peuvent-elles produire ?».

«Le message tunisien est très fort, estime pour sa part Amr al-Chobaki, de l'institut Al-Ahram du Caire. Mais savoir si ce qui s'y est passé peut se reproduire ailleurs, en Algérie ou en Egypte par exemple, reste difficile». La capacité d'adaptation des régimes autoritaires arabes pour survivre aux épreuves ne doit pas non plus être sous-estimée, souligne-t-il. En outre, les situations locales présentent des différences. La Tunisie est un pays où le régime ne laissait «aucune marge à la société civile ou à l'opposition», alors qu'en Egypte le système sait ménager de petites soupapes «qui permettent aux gens de se défouler» et de «retarder une explosion sociale».

En attendant, une nouvelle blague circule au Caire, donnant une idée de l'esprit de la «rue arabe»: «L'avion de Ben Ali est arrivé à Charm el-Cheikh (résidence du président égyptien Hosni Moubarak sur la mer Rouge), pas pour y rester, mais pour embarquer plus de passagers !».


(Avec AFP)

par le figaro

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